Yann, vous avez un début d’aventure atypique. Pouvez-vous nous en parler ?
J’ai suivi un chemin professionnel riche et varié avant de trouver le projet qui me convenait. Après un BAC PRO agricole à La Vinadie, j’ai entamé un BTS agricole à Lacapelle en apprentissage, mais j’ai rapidement arrêté. Les études, ce n’était pas mon truc.
J’ai ensuite enchaîné plusieurs expériences : j’ai travaillé dans une CUMA à Livernon, puis dans un groupement d’employeurs pendant deux ans. J’ai aussi été employé agricole, avec des expériences sur des troupeaux de vaches allaitantes, brebis et chèvres laitières. Ensuite, j’ai fait un rapide passage en scierie qui s’est suivi de 3 années et demi dans le secteur de l’équarrissage, grâce à mes permis poids lourd et super lourd. Mais tout au long de ce parcours, mon envie de m’installer ne m’a jamais quitté.

Qu’est-ce qui vous a permis de passer du projet à la concrétisation ?
J’avais initialement prévu de reprendre une exploitation de chèvres laitières, mais ça n’a pas fonctionné. Une de mes relations m’a alors conseillé d’aller voir des gaveurs de canards, car ce modèle lui semblait adapté aux installations hors cadre familial, peu de foncier, des débouchés sécurisés.
C’est à ce moment que j’ai rencontré Pierre Ayral, un collègue joueur de foot mais également technicien palmipède. En discutant avec lui, j’ai découvert l’Organisation de Producteurs Palmipède et l’activité gavage. Il m’a mis en contact avec Jean-Luc Dolique, Responsable Production Vif à la Quercynoise, et tout s’est rapidement mis en place. Jean-Luc m’a fait visiter des élevages et m’a proposé de tester le métier quelques jours par semaine. J’ai alors pu échanger avec des techniciens, découvrir le fonctionnement de l’Organisation de Producteurs et analyser les chiffres et surtout pratiquer. Cette phase d’immersion a été déterminante pour définir si je souhaitais me lancer dans cette production.
J’ai alors trouvé un terrain à Fons sur lequel j’ai fait construire un bâtiment. Grâce à La Quercynoise et à Jean-Luc, j’ai pu monter un plan de financement solide, avec 440 000 € d’investissement : 340 000 € de prêts bancaires et 100 000 € d’aides. Le soutien de La Quercynoise a été déterminant pour convaincre les banques. Elles ont tout de suite adhéré au projet, car elles savent que la structure offre un accompagnement technique et des débouchés sécurisés.
Comment s’est déroulé le lancement de l’activité ?
J’ai obtenu l’accord de la banque en avril 2022, mais il a fallu attendre un an avant de recevoir mes premiers canards. Pendant ce temps, j’ai finalisé les travaux du bâtiment, l’installation de l’eau et de l’électricité. Aujourd’hui, cela fait bientôt deux ans que l’activité tourne bien : je gave 23 bandes de canards par an.
En parallèle, un voisin m’a proposé de reprendre son troupeau de vaches allaitantes. J’ai sauté sur l’occasion. Grâce à l’atelier canard, j’ai pu reprendre 30 vaches en autofinancement.
Pouvez-vous nous décrire une journée type avec les canards ?
Ma journée commence à 6h avec le gavage des canards jusqu’à 8h30, puis je m’occupe des vaches. Je recommence les soins à 16h et le gavage en fin de journée à partir de 17h30. Les périodes de foin demandent plus d’organisation, mais une fois les vaches dehors, le rythme se calme. Cela me laisse du temps libre, surtout de mars à mai et d’août à novembre, quand l’activité est plus tranquille.
Quels sont vos projets pour l’avenir ?
Mon objectif principal est de pérenniser la production de bovins allaitants tout en maintenant l’activité canard. Après deux années intenses, j’aimerais aussi dégager davantage de temps pour ma vie personnelle et profiter pleinement des fruits de mon travail.

Quel rôle a joué natera dans votre installation ?
Natera, via l’Organisation de Producteurs Palmipède et La Quercynoise, m’a permis de structurer mon projet, d’obtenir un financement bancaire et d’obtenir de bons résultats dès le départ grâce à leur suivi. Je collabore également avec CAP AQS pour le bâtiment, et avec natera pour l’alimentation et les semences.
Avez-vous un conseil pour les futurs agriculteurs souhaitant s’installer hors cadre familial ?
L’activité canard est tout à fait adaptée pour les installations hors cadre familial. Elle ne nécessite pas forcément de surface agricole importante ni d’investissements démesurés au départ. De plus, grâce au soutien de l’Organisation de Producteurs palmipède, il est possible de sécuriser son projet avec un accompagnement technique et financier solide. Avec de la motivation, de la détermination et un bon modèle économique, c’est une voie idéale pour se lancer.
